Les origines du béguinage
Au début du XIIIe siècle, la naissance des Béguinages résulte d’un concours de circonstances économiques, sociales, politiques et religieuses sans doute unique dans notre Histoire. La réouverture des routes commerciales avec l’extrême Orient relance le commerce, l’artisanat et les services sur un chapelet de villes, de Venise aux Pays-Bas. Le développement des universités et le déclin de l’emprise féodale favorisent l’affranchissement des esprits et des communes. Les nouveaux ordres religieux suscitent un formidable mouvement de ferveur.
La création des Béguinages participe de cette dynamique et va proposer aux femmes « …d’exister en n’étant ni épouses, ni moniales, affranchie de toute domination masculine » (Régine Pernoud, la Vierge et les Saints du Moyen-Age).
D’autre part, la succession des croisades laisse de nombreuses veuves et les béguinages vont offrir à la population féminine en surnombre une structure communautaire souple. Ces femmes vont ainsi mener une vie pieuse et contemplative, tout en conservant leur autonomie, en restant économiquement actives.
Une idée qui répond aux aspirations de son temps
Le concept va se répandre sur toute l’Europe comme une traînée de poudre… une ville comme Strasbourg va voir éclore plusieurs dizaines de béguinages en son sein ! Pourtant, au fil du temps, ces femmes, qui échappent aux canons habituels des structures religieuses, vont susciter la méfiance, voire la suspicion d’hérésie, et l’Eglise va œuvrer à institutionnaliser le mouvement, en poussant les béguines à adopter une règle de vie, à se sédentariser, à structurer leur gouvernement, à ne plus mendier… Après le Concile de Vienne, en 1312, qui interdit toute vie béguinale, seuls les quatre évêques de Flandres continuent d’approuver et d’encourager les Béguinages sur leurs diocèses.
Les Béguinages restant vont connaître des hauts et des bas (épidémies, guerres, conflits religieux…) pour s’éteindre doucement au fil des siècles.
Et comme la braise couvant sous la cendre, ils vont renaître d’un nouveau souffle, à la fin du XXe siècle, il y a une vingtaine d’années. Toujours en Flandres (!), ils sont encore portés par des personnes vulnérables, les SENIORS, qui se groupent pour se défendre contre les fléaux de notre temps !
Cette renaissance se poursuit depuis 2012 en France avec les projets portés par « Vivre en béguinage » dans toute la France.