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L’actualité des béguinages

Interview de Dominique Claude, accompagnateur santé à Mûrs-Erigne

Le 8 juillet 2021
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Un accompagnement santé dans les béguinages

Selon une étude prospective et qualitative de l’Observatoire Régional de la Santé Auvergne-Rhône Alpes réalisée en 2017(1), « …au sein des personnes de 60 ans et plus, 6 personnes sur 10 disent leur intérêt pour des messages de prévention sur le vieillissement et, dans le même temps, près d’une personne sur deux, après 60 ans, se sent démunie pour rechercher de l’information. »

Partant de ce constat, il nous semblait important de répondre à ces attentes dans nos béguinages. Nous avons donc décidé en début d’année de mettre en place un accompagnement santé réalisé par un(e) Infirmier(e) Diplômé(e) d’État. Cet accompagnement santé consiste en rendez-vous individuels (sous le sceau du secret professionnel) et en animations d’ateliers collectifs qui abordent de nombreux thèmes en lien avec le bien-vieillir et à la prévention santé (nutrition, activité physique, sommeil…)

Partenariat avec Viexidom Services

Vivre en béguinage a mis en place un partenariat avec l’association Viexidom Services afin de développer un projet santé collectif et personnalisé auprès des résidents du béguinage de Mûrs-Érigné. Viexidom service est une entreprise associative d’aide, d’accompagnement et de soins à domicile implantée en Maine et Loire. Elle fait appel à 300 professionnels infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de vie sociale et aides à domicile.

Les missions préventives et éducatives définies dans ce partenariat avec Viexidom s’inscrivent dans une démarche proactive de mobilisation des résidents :

  • Repérer les fragilités les pertes de capacités physiques, cognitives les signes de dénutrition ou mal nutrition
  • Établir une relation personnalisée avec les résidents par des entretiens cliniques infirmiers adaptés
  • Coordonner le dossier de santé en lien avec le résident, au besoin prendre le relai avec le médecin traitant les autres soignants intervenant auprès de la personne au besoin
  • Informer, conseiller, suivre les résidents sur les bonnes pratiques en matière de santé (veiller à la prise et/ou bonne usage des médicaments, suivi des régimes et équilibre alimentaire, … )
  • Mettre en place avec le résident les plans de soins, d’aides de compensation s1 nécessaire
  • Proposer et organiser avec les résidents des actions collectives et individuelles de prévention santé
  • Assurer un reporting santé anonyme pour le responsable de la résidence.

L’Accompagnement Santé à Mûrs-Érigné

Le béguinage de Mûrs-Érigné, qui a ouvert en octobre 2020 est le premier à profiter d’un accompagnement santé avec la venue de Dominique Claude, infirmier diplômé d’État.
Il nous parle de son rôle auprès des béguins.

Bonjour Dominique, vous êtes accompagnateur santé au béguinage de Mûrs-Érigné depuis quelques semaines déjà.

1.       Pouvez-vous nous parler brièvement de votre parcours professionnel ?

« Bonjour, je suis infirmier depuis 1994 avec un parcours varié. Ma première expérience de 8 années a été celle d’un infirmier à domicile dans une association sur différents quartiers angevins. L’envie d’être au plus près des personnes à soigner dans leur environnement a toujours été un moteur dans mon parcours. J’ai ensuite occupé un autre poste d’infirmier à domicile, intéressant, visant à former à l’utilisation de matériel médical des professionnels et des personnes souffrant de pathologies respiratoires, nutritionnelles ou encore de diabète. J’ai poursuivi ma carrière en équipe pluridisciplinaire pour permettre aux personnes opérées et porteuses de prothèses orthopédiques de revenir à domicile.  J’ai complété ma formation initiale par un diplôme universitaire pour encadrer des équipes soignantes sur le terrain.

Plus récemment, j’ai occupé la fonction de chargé d’appui Télémédecine auprès de médecins, professionnels de santé hôpitaux, EHPAD. Avec l’émergence du COVID, l’utilisation de cet outil est montée en flèche. Puis j’ai souhaité revenir à une relation de proximité avec les personnes soignées à domicile. J’ai pu alors intégrer Viexidom Services, une association d’aide, d’accompagnement et de soins à domicile reconnue sur le Maine et Loire. Mon poste d’infirmier de liaison, en équipe pluridisciplinaire de 8 personnes avec des professions différentes, dans un Service d’Accompagnement Médico-social pour personnes adultes en Situation de Handicap qui vivent à domicile (SASMSAH) m’apporte une réelle satisfaction. »

2.       Qu’est-ce qui vous a attiré dans le rôle d’accompagnateur santé auprès de personnes âgées ?

« D’être à l’écoute de la demande en santé des personnes et d’y répondre. Avoir également la possibilité de faire des propositions qui sortent du cadre habituel du soin (je ne réalise pas de soins sur le béguinage) en termes de prévention. Les valeurs sous-jacentes de fraternité portées par le béguinage m’ont attiré également et je profite d’un cadre magnifique à Mûrs-Erigné. »

3.       Comment les béguin(e)s perçoivent votre intervention ?

« J’ai la sensation que les béguin(e)s la perçoivent de manière positive après les premiers temps de rencontre où mon métier initial me désignait d’abord comme un soignant. Au-delà de ce qui peut être apporté par un accompagnateur en santé, il y a la relation qui se construit au fil du temps et la qualité que l’on peut y mettre. En ce qui me concerne, c’est un vrai plaisir que de rencontrer le Béguins tous les mercredis matin. »

4.       Selon vous, quel est l’intérêt d’un accompagnement santé pour des personnes âgées vivant de façon autonome dans un béguinage ?

« Tout d’abord, aider à rester le plus longtemps possible dans son domicile.
Mettre l’accent sur l’importance de prendre soin de soi, pour soi mais également pour bien vivre avec ses compagnes et compagnons de route.
Conseiller, mettre à disposition des outils pour vieillir dans les meilleures conditions possibles.
Proposer des aides pour le maintien à domicile lorsque cela s’avère utile. »

5.       Avez-vous déjà prévu l’animation d’ateliers sur le bien vieillir et la prévention santé ?

« Différentes rencontres ont pu être mises en place malgré le contexte sanitaire. Intervention conjointe avec une collègue ergothérapeute sur la prévention des chutes. Série en cours de 6 ateliers ludiques sur les fonctions cognitives, en particulier sur la mémoire. Ces ateliers ont été initié par une collègue formée à la méthode, j’ai poursuivi les séances. Formation à Gestes Qui Sauvent avec la Sécurité Civile, ce qui a permis notamment d’appréhender l’utilisation du défibrillateur présent sur le site de Mûrs-Erigné. A la rentrée une démonstration de Qi Qong, gymnastique énergétique et traditionnelle chinoise devrait être proposée. »

6.       Nous encourageons fortement les béguin(e)s à souscrire à un contrat de téléassistance. Que pensez-vous de la téléassistance pour les seniors ?

« Je pense que c’est un très bon outil, adapté aux personnes qui par exemple sont seules avec un risque de chute ou ayant déjà eu expérience de chute. Cela permet également de rassurer la famille et la personne si besoin. La seule limite est la capacité de la personne à s’en servir, d’où l’importance des tests et d’un accompagnement personnalisé à l’utilisation. »

7.       Avez-vous une expérience à ce sujet ?

« Oui, pour une personne qui est tombée à domicile, les secours prévenus ont pu intervenir. Il y a des interventions de ce type tous les jours, c’est parfois la famille ou un proche qui se déplace, ou alors un interlocuteur permet de rassurer la personne à distance dans l’attente de l’arrivée des secours. Ce n’est pas toujours une urgence, la personne peut parfois ne pas se relever seule, sans s’être blessée. La gravité, en ayant chuté et sans téléassistance, est celui d’une hypothermie lorsque l’on reste au sol longtemps. »

8.       Les seniors sont souvent réfractaires, avez-vous une idée de la raison qui les poussent à refuser la téléassistance ?

« Je ne sais pas si c’est souvent. Le refus peut avoir plusieurs motifs. Par exemple et pêlemêle : l’encombrement avec un objet au poignet ou au cou au quotidien, l’image de soi et le regard des autres, la non perception d’une baisse de ses capacités motrices, peut-être l’impression d’être moins libre. »

 

Références

(1)Observatoire Régional de la Santé Auvergne-Rhône-Alpes | 2017 Étude prospective et qualitative – Prise en charge et accompagnement de la personne âgée de 75 ans et plus en perte d’autonomie à l’horizon 2030 – Région Auvergne-Rhône-Alpes