Le syndrome de glissement des personnes âgées
Défini en 1956 par le gériatre Jean Carrié, le syndrome de glissement est pourtant encore peu connu des aidants et d’une façon générale des proches d’une personne âgée. Interprété au début comme une fatigue ou une déprime passagère, s’il n’est pas détecté rapidement, ce syndrome très grave conduit presque inévitablement au décès de la personne, en quelques semaines à peine (dans 80% des cas). Vivre en béguinage vous apporte des informations sur cette pathologie qui touche majoritairement les seniors autour de 80 ans. Elles vous permettront peut-être de l’identifier à temps chez une personne âgée de votre entourage et de pouvoir intervenir rapidement.
Qu’est-ce que le syndrome de glissement
Le syndrome de glissement est décrit par Jean Carrié comme « un processus d’involution et de sénescence porté à son état le plus complet ». Aujourd’hui on le définit plutôt comme « un état de grande déstabilisation somatique et psychique ». Concrètement, la personne âgée change soudainement de comportement. Apathique, elle refuse de s’alimenter, de se lever, de se laver, de parler. Après des phases de détresse, d’agitation, voire d’agressivité elle se détache totalement de l’entourage pour se laisser dépérir. Certains parlent même de « suicide inconscient ».
Quelles sont les causes du syndrome de glissement ?
Les déclencheurs peuvent être psychiques ou physiques : un choc émotionnel important provoqué par un décès, l’éloignement d’un proche, le sentiment d’abandon (une entrée en EHPAD mal préparée) ou d’isolement (encore plus marqué en temps de Covid), mais aussi une chute, une hospitalisation, une maladie vont enclencher de la même manière et de façon soudaine ce processus de glissement chez la personne.
Quels sont les symptômes identifiables ?
les symptômes sont très graves et leurs conséquences entraînent le décès du patient :
- Une tendance dépressive
- Le refus de s’alimenter et l’absence de soif (engendrant dénutrition et déshydratation)
- Rétention urinaire et constipation
- Le refus de bouger (risques d’escarres et d’atrophie musculaire)
- L’opposition aux soins, aux stimulations
- Une alternance entre un état apathique et irritable (surtout au début)
- Repli sur soi
- Mutisme
Comment soigner le syndrome de glissement?
Détecté très rapidement, le syndrome de glissement peut être soigné, mais le pronostic vital reste mauvais. En effet, les anti-dépresseurs seuls ne suffisent pas. Cet état pathologique très grave qui touche les personnes âgées et en situation de fragilité nécessite une prise en charge complète incluant des soins médicaux et psychiques et beaucoup d’accompagnement humain.
Mais surtout peut-on l’éviter ou le prévenir?
Il est tout à fait possible de prévenir ce « glissement » en luttant contre l’isolement des seniors qui vivent un fort sentiment d’abandon et d’inutilité et finissent par perdre goût à la vie. Car il suffit alors d’un choc, d’une maladie, ou d’une entrée en maison de retraite pour enclencher le processus.
En conclusion
L’antidote n’est-elle donc pas de préserver par-dessus tout ce lien social indispensable qui nous permet de nous sentir utile aux autres, de favoriser les activités de groupe, de veiller les uns sur les autres et faire face ensemble aux accidents de la vie, dans un environnement adapté et dynamisant ? C’est ce que nous préconisons dans nos béguinages où l’enjeu du bien vieillir ensemble est au centre de nos actions.
Écouter un podcast à ce sujet sur Europe 1